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Violences politiques -GUINEE-

17 janvier 2010 7 17 /01 /janvier /2010 15:32

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En provenance du Maroc où il était hospitalisé depuis cinq semaines, après avoir essuyé un attentat perpétré par son proche, Camara a été déposé, contre son gré, à 1 200 kilomètres de chez lui, à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Il pensait atterrir à Conakry…

C’était compter sans la détermination du “Tigre” à tenir ses promesses. L’ex-président de la junte militaire guinéenne, le capitaine Dadis Camara, que l’on donnait perdu, avait refait subitement surface, après avoir été donné pour un “légume” dans un hôpital militaire marocain où il avait été évacué. L’opposition guinéenne et la communauté internationale, y compris africaine, étaient contentes de s’être débarrassées du capitaine.

Et, miracle, il est vivant et il a aspiré à reprendre les rênes du pouvoir ! Mohammed VI l’a laissé partir, escomptant des bénéfices sur la scène africaine où le Maroc ne désespère pas de revenir après en avoir été exclu pour sa politique coloniale au Sahara occidental. Le pari en valait la chandelle, Camara à Conakry, et c’est la Guinée qui tombait dans l’escarcelle marocaine. Pour la petite histoire, le Maroc, après s’être spécialisé dans la formation de gardes rapprochées pour chefs africains impopulaires, grâce, dit-on, à la coopération d’experts israéliens, est également devenu pour ce type de chefs d’État un centre de soins. Mais Mohammed VI a vu tout faux. La réapparition de l’ex-chef de la junte militaire au pouvoir en Guinée au lieu de relancer la bataille entre militaires pour le pouvoir dans ce pays riche mais exsangue a ouvert la voie à un retour à la normalité. En provenance du Maroc où il était hospitalisé depuis cinq semaines, après avoir essuyé un attentat perpétré par son proche, Camara a été déposé, contre son gré, à 1 200 kilomètres de chez lui, à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Il pensait atterrir à Conakry… Paris, dit-on, n’a pas souhaité le voir reprendre du service. Un pied de nez à Rabat pourtant allié stratégique de la France. Blaise Compaoré du Burkina a dû lui aussi ravaler ses prétentions, c’est un ami de Camara qu’il a essayé de maintenir contre vents et marées.

Dans sa mission de conciliation entre les parties guinéennes, il n’avait jamais caché sa préférence, empêchant l’adoption d’un vrai processus de transition démocratique chez son voisin. Avant son évacuation dans un hôpital militaire marocain, le capitaine putchiste, Dadis, qui avait ramassé la mise, le 23 décembre 2008, au lendemain de la mort du président Lansana Conté, s'était mis en tête de se présenter à l'élection présidentielle, prévue initialement ce janvier. Il avait juré auparavant de n'en rien faire. L’UA, l’UE et les USA ont manifesté leur désaccord, Compaoré, venu aussi au pouvoir par un coup d’État, a soutenu Camara dont l’ambition s'est brisée le 3 décembre 2009 lorsque son aide de camp, Aboubacar Toumba Diakité, lui a tiré dessus. Règlement de comptes entre amis : le capitaine voulait lui faire porter le chapeau sur le massacre commis dans le stade de Conakry où l’opposition dénonçait la violation de Camara de son engagement d’organiser des élections honnêtes et auxquelles il s’était interdit de prendre part : au moins 156 morts ce 28 septembre 2009. Une enquête de l'ONU sur ce massacre a recommandé à la Cour pénale internationale de les inculper tous les deux de crimes contre l'humanité.  Camara dans l'hôpital militaire marocain de Rabat, sa page semblait tournée. Le général Sékouba Konaté, ministre de la Défense, épargné par l'enquête sur une tuerie commise par les bérets rouges de la garde présidentielle de la junte, était devenu le porteur d'espoir d'une issue pacifique. La France, les États-Unis et des voisins africains ont travaillé au corps le général et lui ont fait prendre des engagements fermes. Ouagadougou n’avait plus qu’à se tenir à carreau et Mohammed VI à ravaler ses prétentions. Favorable à l’opposition démocratique, le général vient de tourner la page de la junte. Un gouvernement de transition présidé par une personnalité religieuse, dont le gouvernement sera dirigé par un Premier ministre nommé par l’opposition, sera chargé des affaires courantes et d’organiser, d’ici six mois, des élections présidentielles auxquelles les militaires ne prendront pas part. La question est si le clan de Camara, “les Forestiers”, ne tenteront pas de jouer les trouble-fêtes ? Bien que minoritaire, ils disposent d'un réel pouvoir de nuisance, ils sont nombreux dans l’armée et les soldats sont le principal facteur d'insécurité en Guinée. Mais le général Konaté surnommé “le Tigre” a, assure-t-on, la poigne pour contrecarrer toute velléités de Camara. Il a le soutien de Paris et des États-Unis. Quelle serait, par contre, l’attitude de la Chine qui a également des prétentions dans ce pays riche, très riche en minéraux.


Source liberté-algérie.com. 

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