Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Violences politiques -GUINEE-

9 août 2009 7 09 /08 /août /2009 20:33


Des pas lents et hésitants en faveur des élections devant mettre un terme à la transition sont posés avec beaucoup de calculs. Des informations faisant état de mouvements rebelles aux frontières de la Guinée avec le Sénégal, le Liberia et la Guinée Bissau viennent confirmer les propos du capitaine Moussa Dadis CAMARA selon lesquels : « la situation sécuritaire que nous gérons ne peut pas se faire par un civil », argument fallacieux utilisé pour justifier la prolongation anormale et périlleuse de la transition afin de gagner du temps pour surprendre négativement la communauté nationale et internationale.
A cela s’ajoutent la corruption de la presse par d’importantes sommes d’argent offertes par le Président lui-même et l’infiltration des forces vives en vue de les diviser et donc, de les affaiblir à l’image de la jeunesse de la capitale.

Les arrestations dans les rangs de l’armée et la pratique de la torture dans le sinistre camp de détention situé sur l’île de Kassa au large de Conakry la capitale s’intensifient : c’est le cas de certains officiers proches de l’ancien Président Lansana Conté et ceux arrêtés suite au présumé coup d’Etat manqué qui a avorté le voyage du chef de la junte en Libye.

Nous pouvons citer par exemple :

-Les Colonels Soriba YANSANE, David SYLLA et Fodé Vivas SYLLA

-Les Commandants Alsény BANGOURA, Issiaga CAMARA,

-Les Capitaines Alama KEITA, Mamadouba SYLLA, Ibrahima Sory BANGOURA,

-Le Lieutenant Ibrahima Kindia BARRY

-Les Sous-lieutenants Alpha Oumar DIALLO, Hasmiou PENDESSA

-Le Sergent chef Moussa SYLLA

Ces officiers ont été transférés dans la nuit du 02 Aoùt sur l’ïle de Kassa qui avait été dénoncé par Aboubacar Biro DIALLO, ancien Président de l’Assemblée Nationale comme un lieu de tortures et de pratiques inhumaines et dégradantes.

Les propos outrageux du Président à l’endroit de diplomates ou autres voix s’élevant en faveur du retour rapide à l’ordre constitutionnel se multiplient.

La concentration des ressources et autres avantages liés à la détention arbitraire du pouvoir entre les mains d’une minorité de militaires proches du Président crée la frustration et isole davantage le clan favorable au Président, ce qui constitue un facteur aggravant au risque déjà existant d’une terrible implosion aux conséquences dramatiques pour le pays.

Le recours à l’ethno stratégie et à l’achat de consciences des leaders d’opinion ne sont pas les meilleurs signes d’une volonté manifeste de consacrer le retour à une vie démocratique normale. Ces comportements risquent de conduire la Guinée à une situation ingérable.

Enfin, les populations ont davantage perdu confiance en l’Etat en général, et dans les institutions judiciaires en particulier, ce qui les amène à se rendre justice elles-mêmes en lynchant ou en brûlant vifs ceux qui, à leurs yeux, sont coupables.
Le cas le plus récent s’est produit à kissidougou, en Guinée forestière, où monsieur Faya Coplan TOLNO, menuisier de son Etat, lynché par la foule en colère pour avoir accidentellement tué son épouse, Marie LENO, lors de querelles domestiques le 15 juillet 2009 ; extrait de la gendarmerie où il avait trouvé refuge et livré à la foule en colère, monsieur TOLNO a trouvé la mort dans des conditions affreuse.

Pour rappel des faits, monsieur Tolno est venu au commissariat central de police de Kissidougou pour déclarer la mort de son épouse Marie TOLNO, qui, selon lui, aurait été tuée par des bandits armés qui ont attaqué leur domicile familial ; mis en garde à vue, la police aurait conclu que monsieur Tolno était l’assassin de son épouse car leur fillette aurait témoigné avoir vu son père et sa mère se battre jusqu’à ce que mort s’en suive.

Ce qui est inacceptable, c’est que le témoin n’est pas majeur, et c’est la gendarmerie, sur ordre du préfet, qui aurait livré le pauvre à ses bourreaux.

Aussi, la junte avait tenté de substituer à la justice ordinaire, un secrétariat aux conflits dirigé par Issa qui était réputé pour ses jugements expéditifs, défiant toutes les procédures judiciaires que la junte jugeait lentes et inefficaces.

A cela, il faut ajouter les propos incendiaires du ministre de la défense, le général de brigade Sékouba KONATE qui appelait les populations à prendre en charge leur propre sécurité.

Ces comportements prouvent à suffisance que la junte ne croit pas dans la justice ordinaire, et préfère avoir recours à la vengeance à travers les exécutions extra-judiciaires et la vindicte populaire.

Nous estimons également qu’il serait utile de rappeler la quasi-absence de la police dans la gestion de l’Etat et l’incapacité de l’armée à se substituer à elle dans le rétablissement de la sécurité et de la quiétude chez les populations.
Un antécédent existe entre les deux corps depuis l’attaque menée en juin 2008 contre la base de la police (CEMIS) par des éléments de l’armée dont une bonne partie participe à l’exercice du pouvoir en tant membre du conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) et qui a fait des dizaines de morts parmi les policiers.
Humiliée, la police est écartée par peur qu’elle ne se venge de ses bourreaux devenus, de fait les maîtres du pays.

L’humiliation infligée au ministre de la sécurité, vice-Président du CNDD, le général Mamadouba Toto Camara devant le camp Alpha Yaya Diallo, siège de la junte, ainsi que la gestion de la sécurité du port et de l’aéroport par d’autres corps en lieu et place de la police sont des preuves éloquentes de cette lourde méfiance qui règne entre les deux corps dont la collaboration étroite est pourtant indispensable à la stabilité du pays.

Nous vivons donc dans une logique où seuls les victimes ont des droits, avec à la clé, la négation systématique de la présomption d’innocence et du procès contradictoire en vue de la manifestation de la vérité, essentielle à l’établissement d’une justice équitable pour tous les citoyens sans distinction aucune dont la Guinée a plus que jamais besoin pour rompre définitivement avec les pratiques répugnantes d’impunité grossière, d’injustice et d’oppression.

En résumé, le désordre et l’anarchie qui règnent dans les casernes militaires, des officiers frustrés ou simplement jaloux de la manière dont le pouvoir est exercé ainsi que la médiocrité et la concentration de tous les pouvoirs dans un cercle restreint qui caractérisent la junte (absence de la police et mépris de la justice ) ;
la détermination des populations à aller aux élections dans les meilleures délais et les meilleures conditions de transparence et la culture de l’ethnocentrisme notamment dans les régions forestières d’où est originaire le Président sont des éléments qui justifient la crainte qui nous anime de voir la Guinée basculer dans une dérive dictatoriale sur fond de nationalisme étroit et de repli identitaire suicidaire.

LA RADDHO-GUINEE :

-Félicite vivement le CNDD et le capitaine-Président Moussa Dadis Camara pour les résultats obtenus dans la lutte sans merci qu’ils ont engagée contre le trafic de drogue et le grand banditisme et les encourage à étendre la lutte aux membres du CNDD soupçonnés d’implication directe ou indirecte dans ces agissements, faisant ainsi de l’impunité zéro, le socle de leur système de gouvernance durant cette transition.

-Se réjouis de la déclaration faite par le royaume d’Espagne au nom de l’Union Européenne relative à l’absence de tout obstacle financier et matériel pour l’organisation d’élections libres, crédibles et acceptables par tous en république de Guinée conformément au chronogramme établi par les forces vives de la Nation et accepté par le capitaine-Président Moussa CAMARA ;

-Prend acte de la décision de l’Union Européenne de mettre la Guinée en observation pendant deux ans tout en espérant que le droit du peuple de Guinée à la solidarité internationale pour favoriser le retour à l’ordre démocratique sera respecté avec rigueur ;

-S’inquiète de l’énorme risque de crise très profonde telle que celle ressemblant au syndrome Bissau guinéen, aux évènements sanglants de janvier et février 2007 en Guinée, ou même la reproduction du scénario ivoirien en Guinée.

- Invite les autorités à respecter leurs engagements relatifs au chronogramme électoral, condition sine qua non pour mettre le pays à l’abri de ce dont le monde a peur et à renoncer au scénario mauritanien en cours dans le pays car les environnements sont différents, les peuples et les époques aussi;

-Appelle la CEDEAO , l’UA, l’ONU, les USA et l’UE à durcir le ton et à prendre des mesures sérieuses visant à contraindre la junte à faire des progrès sensibles allant dans le sens du retour au pouvoir civil et à exiger que tous les candidats puissent se présenter aux élections sans exclusion excepté les membres du gouvernement et du CNDD en exigeant que cela soit formalisé par le capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte au pouvoir en Guinée.

Fait à Conakry, le 06 Août 2009

LE PRESIDENT
MAMADI KABA

Partager cet article
Repost0

commentaires