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Violences politiques -GUINEE-

2 novembre 2009 1 02 /11 /novembre /2009 11:07

 
Les évènements douloureux du lundi 28 septembre 2009 qui ont endeuillé notre nation et donné lieu à des scènes de viols, sur des femmes et à des violences physiques atroces sur des citoyens paisibles et sans défense, vont à jamais marquer notre histoire.

L’on se souviendra que la seule faute des victimes aura été, tout simplement, d’avoir voulu exercer, sur la terre de leur patrie, leur ‘’ droit à la citoyenneté’’, le minimum que des femmes et des hommes libres peuvent obtenir partout dans le monde, sans être inquiétés.

Pour avoir été membre du gouvernement au moment des faits, je voudrais demander pardon à toutes les victimes et au peuple de Guinée, pour ces actes injustifiables.

Malheureusement, aujourd’hui encore, ces violences se poursuivent sous forme d’insécurité galopante caractérisée par des assassinats, meurtres, agressions, vols et par une peur généralisée qui traumatisent un peuple déjà éprouvé, qui n’aspire qu’à la paix et à la prospérité.

C’est dans cette atmosphère insoutenable et pleine d’incertitudes que vont s’ouvrir, ce lundi 02 novembre, les négociations entre les forces politiques en présence, à Ouagadougou, au Burkina Faso.

Or, le climat actuel, aussi traumatisant et périlleux qu’il soit pour le peuple, n’est pas moins aléatoire et menaçant pour les autorités qui, qui de surcroît prennent de gros risques en entretenant ce statu quo.

C’est pourquoi, j’en appelle au chef de l'État, pour qu’il saisisse l’opportunité de Ouagadougou comme une occasion précieuse, pour écouter ce que diront les autres, du processus démocratique en Guinée, même si les arguments qu’ils auraient à fournir se révélaient contraires, voire hostiles à ses propres aspirations. Parce que la Guinée appartient à tous ses fils.

Monsieur le président, les représentants des Forces vives, sont vos sœurs et frères qui ont au moins l’avantage de pouvoir vous dire en face, ce qu’il croit être leur vérité. Ils n’attendent de vous ni argent, ni privilège. Considérez donc leur différence et leur liberté de parole comme des atouts et comme une chance pour le dialogue. Aucun sacrifice de votre part, en tant que premier citoyen de ce pays, ne saurait être plus grand que la paix, la sécurité et la Démocratie, la vraie, à laquelle aspire le peuple de Guinée. Et pour cela, il est légitime que soit vous qui acceptiez de faire la plus grande concession, et vous en sortirez plus grandi !

De même, j’en appelle aux leaders politiques et sociaux, pour qu’ils se rappellent, que leur responsabilité est grande. Elle est légitimée par le sang de nos martyrs des trois dernières années.

Aussi douloureux et répréhensibles soient-ils, les évènements du 28 septembre constituent un lourd tribu payé par nos martyrs et particulièrement par les victime des représailles des trois dernière années. Plus rien ne pourrait nous retourner nos morts, mais les sacrifices de ces martyrs ne devraient pas avoir été consentis pour rien !

Aucune concession ne devrait favoriser le statu quo ou trahir les aspirations inaliénables du peuple, à la liberté d’expression, à la paix, à l’unité nationale et à la prospérité, dans le changement. Votre légitimité vous condamne à honorer la mémoire de nos martyrs.

Il ne devrait pas y avoir de vainqueurs ni de vaincus à l’issue des négociations. C’est pourquoi, la sagesse commande que les uns et les autres mesurent la situation actuelle dans toute sa gravité. Elle constitue une menace pour tous les Guinéens sans considérations d’ethnies, de régions, de religions ou de conditions sociales.

Que chacune des parties que vous représentez comprenne la portée historique de la responsabilité qui l'incombe et sache que tout impair, d’une part ou de l’autre, aura son ‘’pesant d’or’’ sur le proche devenir de notre peuple.

Le peuple vous observe ! Les yeux des dix millions de Guinéens sont tournés vers Ouaga. Vous n’êtes certainement pas les plus valeureux fils de ce pays, mais c’est vous qui êtes aujourd’hui les leaders ! Et l’attente du peuple est grande !

Certes, les accords qui seront issues des négociations entre le CNDD et le Forum des Forces Vives constitueront une étape décisive vers des élections libres, transparentes et justes en vue d’une vie constitutionnelle normale.

Mais, au regard de la nature et de l’ampleur du ‘’mal’’ qui ronge notre pays, les élections à elles seules ne suffisent pas pour régler notre problème.

C’est pourquoi, il est important que l’on entreprenne, dès maintenant, un autre processus tout aussi urgent que crucial, celui d’un diagnostic sans complaisance pour permettre un traitement de choc, si l’on veut sortir définitivement la Guinée de son coma.

Cette œuvre, incontournable, quoiqu’elle puisse bénéficier des expériences d’ailleurs, ne pourra se faire que par les filles et les fils de notre pays, unis dans sursaut national.

Pour poser le diagnostic du ‘’mal guinéen’’ sans risque de se tromper, il faut que chaque guinéenne et chaque guinéen acceptent de se remettre en cause au sein d’une dynamique soutenue par toutes les forces, en vue d’un dialogue inclusif, franc, responsable et direct, sans tabou ni haine, dans l’unique but de sauver notre unité menacée et rejeter à jamais les démons de l’ethnocentrisme et de la mal-gouvernance qui sommeillent en nous !

Nous devons remercier la communauté internationale pour son implication dans la résolution de la crise et considérer sa désapprobation des représailles, et ses initiatives de sortie de crise, comme une preuve d’amitié et de solidarité envers notre Peuple. Il faut souhaiter qu’elle ne baisse pas la garde !


QUE DIEU, LE TRÈS HAUT, SAUVE NOTRE PAYS ! "

Conakry, le 1er Novembre 2009

Abdourahamane SANO

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