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Violences politiques -GUINEE-

27 août 2010 5 27 /08 /août /2010 09:36

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Alors qu’on s’achemine vers la dernière ligne droite dans la course pour l’élection présidentielle en Guinée, le candidat de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) a pris une bonne longueur d’avance sur son concurrent, le professeur Alpha Condé, candidat du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG).

 

Déjà arrive en tête au premier tour avec un score de 43,69 pour cent des suffrages valablement exprimes, El hadj Cellou Dalein Diallo est entrain de marquer des points et « creuser le fossé » entre lui et son adversaire, à moins de quatre semaines de la tenue du second tour.

 

Même si les compteurs ont été remis à zéro, les signes de l’avancée considérable du candidat de l’UFDG sont apparents :

 

- D’abord au niveau des alliances, Cellou Dalein Diallo est celui qui a rallié à sa cause les candidats disposant d’un électorat important.

 

-L’ancien Premier Ministre Sidya Touré, arrivé 3ème dans un peloton de 24 candidats, et l’Ingénieur Ibrahima Abé Sylla, candidat de la NGR, lui apportent respectivement 13,62 pour cent et 3,23 pour cent des voix, soit un total de 16.85 pour cent, bien plus que ce dont il a besoin pour franchir le cap des 50 pour cent et gagner l’élection.

 

Et ceci c’est sans compter les scores obtenus par le candidat du PUP (0,95%) et celui de la GECI (0,11%) qui, dès après le premier tour, ont décidé de supporter la candidature de Cellou Dalein Diallo.

 

- Au RPG, on voit le problème sous un autre angle. On mise sur le fait que c’est une nouvelle élection, et par conséquent il ne faut pas tenir compte des résultats du premier tour. Surtout qu’il y a eu un grand pourcentage de bulletins nuls et de votes annulés.

 

On signale qu’il y a 90 partis sur les 124 légalisés en Guinée et près de 300 associations qui ont décidé de supporter la candidature du professeur Alpha Condé au second tour. On exprime le sentiment que les militants des partis alliés à l’UFDG ne suivront pas les consignes de vote.

 

Malheureusement pour le RPG et son candidat, il est difficile d’occulter les resultats du premier tour puisqu’il s’agit bien de la même élection. Ceux qui ont voté au premier tour pour le candidat de l’UFDG repartiront dans les urnes pour voter de la même façon. Maintenant qu’ils savent que leur candidat a une bonne longueur d’avance, ils seront encore plus disposés à voter pour lui.

 

L’UFDG a un avantage sur les autres formations politiques en ce sens que ce parti à des militants très engagés qui ne sont pas prêts à migrer ailleurs.

 

Mais fait plus grave pour le candidat du RPG, sur les 90 partis qui ont rejoint l’alliance dite Arc-en-ciel, peu ont un électorat digne de ce nom.

 

Certains ne pouvaient même pas présenter un candidat à l’élection présidentielle du 27 Juin 2010. Or un parti qui n’a pas d’électorat n’est pas représentatif et ne compte pas sur l’échiquier politique.

 

C’est ce qui a fait dire à un observateur très attentif de la scène politique guinéenne « qu’en réalité, le professeur Alpha Condé a signé un protocole d’alliance avec 90 personnes et non 90 partis ». Et quand on fait le total des suffrages obtenus par tous les candidats membres de l’alliance « arc-en-ciel », on obtient à peine 15 pour cent, bien peu pour combler le déficit dont Alpha Condé a besoin pour dépasser la barre des 50 pour cent.

 

Avec des chiffres comme ceux-là, le candidat du RPG est en bien mauvaise posture. Il a une longue pente à remonter et sa tache parait mathématiquement impossible.

 

Après ce handicap majeur au niveau des alliances, il y a ensuite les faiblesses constatées au niveau de la stratégie de communication du directoire de campagne du RPG.

 

Sur ce plan, le candidat Alpha Condé peine à trouver un message cohérent, consistent et effectif pour attirer les indécis. Tantôt il dénonce les travers du régime de feu Général Lansana Conté avant de se rappeler qu’il est entouré de barons du même régime ; tantôt il s’en prend aux commerçants avant de se rappeler que certains de ses supporters et militants ont le monopole de la vente des pièces détachées, et tantôt il s’en prend à Cellou Dalein Diallo avant de préciser qu’il ne combat pas les Peulhs.

 

En somme des déclarations non filtrées, parfois incendiaires qui l’obligent souvent à clarifier le fond de sa pensée.

 

Mais son refus de participer à un débat entre les deux candidats à la magistrature suprême est entrain de lui causer le plus grand tort. La raison invoquée étant que le débat n’était pas prévu dans la stratégie de communication du RPG.

 

En fuyant le face-face que les électeurs appellent de tous leurs vœux, le professeur Alpha Condé renforce les préjugés selon lesquels il ne connait pas bien la Guinée, qu’il maitrise très peu les dossiers, et que son titre de professeur ne serait pas mérité.

 

Sinon comment rater cette belle occasion de venir exposer son projet de société à ce peuple qu’il cherche tant à gouverner ?

 

Si la communication est au cœur de toute bataille électorale, alors on a senti l’essoufflement et la panique s’installer au niveau du camp du RPG avec la rediffusion de la vidéo DVD montrant l’ex-chef de la junte, le capitaine Dadis Camara, dans une interview accordée à Telesud après les évènements du 28 Septembre 2009, accablant le professeur Alpha Condé de tous les maux de la terre.

 

Pour le RPG, la surprise était grande d’autant plus que ce DVD était vendu et visionné à travers tout le pays, de Conakry à Yomou.

 

Mais au lieu de trouver la parade nécessaire, et fournir les explications qu’il faut pour atténuer l’effet de la vidéo, la directrice de la communication du RPG produit une déclaration en guise de protestation.

 

Elle s’interroge sur l’origine du DVD, et les « motivations dangereuses » des commanditaires qui compromettent la paix, l’unité nationale et l’organisation du second tour de scrutin.

 

Une réaction qui est tout simplement comme un sabre dans l’eau puisque l’origine du DVD intéresse moins les électeurs que son contenu et que personne ne peut dire qui en est le commanditaire.

 

Ce qui est sur c’est que cette vidéo était loin d’être un montage vu que l’interview du Capitaine Dadis avait été réalisée par les journalistes de Telesud et diffusée en Octobre 2009.

 

C’est un coup très sérieux qui a été porté contre le candidat du RPG et dont il ne pourra pas se relever. Cette vidéo a fait sensation en Guinée Forestière, une région que le professeur Alpha Condé doit absolument verrouiller s’il veut maintenir la moindre chance de gagner cette élection. Mais sa position est maintenant ébranlée et les options s’amenuisent de jour en jour.

 

La seule option viable qui reste au RPG et à son candidat c’est le recours à la fraude. C’est pourquoi depuis quelques semaines, on assiste à des manœuvres visant à préparer le terrain pour effectuer des fraudes en amont et en aval.

 

Il y a d’abord le problème de la neutralité de l’administration. Apparemment deux ou trois gouverneurs dont celui de Boké et de Nzérékoré sont entrain de battre campagne pour le candidat du RPG. L’UFDG a formulé une vive protestation et a demandé que les intéressés soient rappelés à l’ordre.

 

Une vive polémique a été soulevée récemment avec la question de l’implication du Ministère de l’Administration du Territoire et des Affaires Politiques (MATAP) dans l’organisation et la gestion du scrutin.

 

Les uns pensent que le MATAP doit absolument s’impliquer pour remédier aux insuffisances de la CENI alors que les autres estiment que la CENI peut corriger ses erreurs tandis que le MATAP s’est rendu célèbre dans l’organisation de la fraude électorale.

 

Acculé de toutes parts, le Premier Ministre a finalement résolu la question en affirmant que le gouvernement voulait tout simplement faire promulguer un décret pour fixer les compétences de la CENI d’une part et celles du MATAP d’autre part comme le suggère l’article 2 du code électoral.

 

Qu’à cela ne tienne !

 

À quelques semaines du deuxième tour, la fraude constitue le seul obstacle à franchir pour l’UFDG.

 

Il faudra se prémunir contre le bourrage des urnes, l’intimidation des électeurs, l’utilisation abusive des procurations, les procès-verbaux non signés, la modification ou l’inversion des résultats, le refus d’acheminer les résultats au centre de recensement, etc.…

 

L’un des moyens de prévention privilégiés reste la couverture des bureaux de vote par les délégués du parti. L’UFDG doit prendre toutes les dispositions nécessaires pour être représenté à tous les niveaux et dans chaque bureau de vote jusqu’aux sièges de la commission centrale de recensement des votes.

 

Il est donc important d’insister sur la formation et permettre à un grand nombre de cadres de s’impliquer dans le processus électoral.

 

Il n’y a aucun doute possible que si la fraude est absente, le candidat de l’UFDG sera élu comme Président de la République de Guinée au soir du 19 Septembre.

 

Thierno Sadou Diallo

 

Economiste

 

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