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Violences politiques -GUINEE-

29 décembre 2009 2 29 /12 /décembre /2009 09:17

 idrissa chérif
Avant le départ pour Rabat du ministre de la Défense nationale le général de brigade Sekouba Konaté dans l’après midi de ce lundi 28 décembre, le ministre à la présidence chargé de la Communication au près du président de la République et du ministère de la Défense, Idrissa Chérif nous accordés une interview pour débattre l’actualité politique du pays. Exclusif.

Guinéenews© : Près d’un mois et toujours après l’attentat du 3 décembre dernier, des interrogations persistent sur l’état de santé du capitaine Dadis. A date, que pouvez-vous nous en dire ?

Chérif Idrissa :
Je tiens à rassurer de nouveau et pour toujours l’opinion nationale et international que l’état de santé du chef de l’État, le capitaine Dadis se trouve dans un état vraiment réconfortant. Au jour d’aujourd’hui, il va nettement mieux par la grâce de Dieu et des expertises des médecins du royaume Chérifien. Je pense que notre ambassadeur qui est en poste à Rabat, au Maroc a eu à affirmer sur les antennes de RFI et de l’AFP et d’autres médias étrangers comme la BBC et CNN que le chef de l’État est prêt à rentrer à Conakry. Par la voie des mêmes ondes de RFI vous avez appris que l’état de santé du président Dadis va en s’améliorant. Juste, il est retardé à cause de quelques petits détails liés à un bilan global de santé. Ce qui voudra dire qu’incessamment il regagnera son palais présidentiel de Conakry.

Guinéenews© : Pourtant contrairement à ces affirmations que vous venez d’avancer, il y a des informations qui soutiennent mordicus que le capitaine Dadis est loin de rentrer en Guinée et pire, qu’il aurait même perdu l’usage de la parole. Qu’en est-il ?

Chérif Idrissa :
Il suffit aujourd’hui qu’il y ait un petit problème au niveau d’un officiel quelconque et les gens se mettent aussitôt à dire du n’importe quoi sauf ce qui est réel et réalité. Je pense qu’on ne doit guère être surpris d’entendre ces prophètes de catastrophe claironner et distiller leur malheur sur leurs prochains. Sans la moindre preuve, ces personnes mal intentionnées rapportent du n’importe quoi sur la santé du président Dadis. Ce qui est juste le reflet de leur simple imagination. Vous ne trouverez personne parmi ces gens qui vous dira qu’il a vu le capitaine Dadis dans tel ou tel état encore moins son médecin traitant. On se contente des rumeurs qu’on rapporte. Tout le monde a suivi les premières déclarations de son médecin traitant sur son état de santé. Il a dit, on ne peut plus clair que ça, que la santé du président Dadis n’inspirait aucun danger. Mais fort malheureusement les détracteurs de Dadis ne veulent jamais entendre cela et s’évertuent à tout prix pour faire croire l’irréel et l’inexistant. Retenez une chose et je défi quiconque en affirmant que le président Dadis n’a jamais perdu l’usage de la parole ou de sa langue contraire à ce qui se dit dans certains milieux. Régulièrement, il échange avec le général Sékouba pendant de longs moments par le téléphone, avec d’autres membres du CNDD ou du gouvernement. Il y en a qui ont effectué le déplacement sur le Maroc pour aller s’enquérir de son état de santé. Ils n’ont jamais mis en cause cette évidence. Je vois en ces propos une sorte d’acharnement pour désinformer et désorienter la population. Ils veulent même remettre en cause l’honnêteté du général Sékouba qui a toujours affirmé qu’il communique régulièrement avec son ami pour se donner des idées et prendre des instructions relatives aux décisions majeures de la vie de la nation. Quoiqu’il en soit, le retour du président Dadis à Conakry est imminent.

Guinéenews© : A vous entendre monsieur le ministre, le capitaine Dadis jouit pleinement de ses aptitudes ou facultés à articuler les mots, à parler. Alors pourquoi depuis qu’il est hospitalisé, il n’a encore fait aucune déclaration à la radio juste pour dissiper les rumeurs et autres spéculations sur sa santé ?

Chérif Idrissa :
Dire que depuis son hospitalisation à Rabat, le président Dadis ne s’est exprimé sur aucun média, je vous assure que c’est un choix délibéré du président Dadis et de l’ensemble de ses compagnons. En toute chose et surtout dans une situation comme celle du président Dadis, chacun observe et opte pour la stratégie ou tactique qui lui semble plus appropriée. Chacun de nous, en pareilles circonstances, peut avoir sa façon personnelle de concevoir et de percevoir les choses. En ma qualité du ministre chargé de la Communication à la Présidence de République et au ministère de la Défense nationale, je pense pour le moment que la communication est largement tenue. C’est à vous d’apprécier maintenant les contours de cette communication. Chacun est libre de donner la coloration qu’il veut à cette mission que j’assure. Le président parle et correctement. Il continue de nous encourager et nous exhorter à toujours bien travailler et à veiller sur la sécurité, le mieux-être de ses compatriotes. Une preuve que le président va bien et parle, c’est sur son instruction expresse au ministre de la Défense nationale et président par intérim que le camp Koundara été rebaptisé du nom de Makambo, son chargé des opérations. Et c’est sur son accord que le général Sékouba Konaté a désigné le nouveau commandant du camp Makambo. Si on se fie à ce que les Guinéens disent, vous êtes capable de congédier votre propre épouse avec laquelle vous venez de dîner sans en savoir trop les raisons.

Guinéenews© : Depuis le 3 décembre comment est le rapport de force entre le Général Sékouba, ministre de la Défense et son homologue Claude Pivi de la Sécurité présidentielle. Car pour beaucoup, les relations entre les deux hommes sont quelque peu tendues ?

Chérif Idrissa :
Les rapports entre les différents cadres ou officiers supérieurs de notre armée nationale sont des plus conviviaux. Toutes les instances militaires du pays y compris le ministère de la Sécurité présidentielle dirigé par le commandant Pivi obéissent au jour d’aujourd’hui au général Sékouba Konaté qui assure l’intérim des fonctions du président de la République. En tant que ministre de la Défense nationale, il gère toutes les forces de Défense et de Sécurité du pays. Chacun de nous, membres du CNDD ou du gouvernement, obéit au général Sékouba. Il n’y a pas un problème de leadership à l’intérieur de l’armée ou du gouvernement. Au sein de la grande muette, il y a une cohésion, une harmonie totale. Quand vous voyez le général Sékouba partout dans les garnisons, vous verrez juste derrière ou dès fois autour de lui le ministre Pivi. J’appelle les gens à regarder en face la réalité au lieu de prendre leur désir pour cette réalité. Le commandant Pivi est présent ici, allez lui demander en personne, il est mieux placé pour confirmer ou infirmer ce que je vous dis. C’est valable pour le ministre de la Défense.

Guinéenews© : A l’ occasion de l’an un de la prise du pouvoir par le CNDD, le général Sékouba a tenu un discours qui a fait tâche d’huile. En tant que ministre chargé de la Communication à la Présidence et à la Défense, quel commentaire en faites-vous ?

Chérif Idrissa :
Si vous vous fiez aux informations véhiculées sur les chaînes d’information françaises, vous risquez toujours d’être induit en erreur. Car elles traitent les informations sur la Guinée tout en respectant leur ligne directive ou rédactionnelle que tout le monde connait déjà. Nous, nous avons la notre. Ce qui n’a rien à voir avec la leur. C’est pourquoi dans leurs organes d’informations, ils disent et défendent ce qu’ils veulent faire entendre conformément à leurs intérêts. Ces interprétations qu’ils font de ce discours n’engagent qu’eux. Pour l’instant ce que nous retenons de l’homme et de son discours, c’est que le général sékouba est toujours dans l’esprit de la population, de l’armée nationale et du président Dadis. Les gens sont libres de leurs appréciations sur ce discours et nous n’avons pas vraiment à commenter ces humeurs des gens, particulièrement des français. Car nous n’avons pas les mêmes logiques. Quant à nous, nous nous sommes toujours inscrits dans la logique d’organiser des élections équitables, transparentes et crédibles mais aussi doter ce pays de tous les instruments institutionnels légaux. Notre préoccupation est loin d’avoir des élections bâclées qu’ils veulent voir organisées en Guinée. Il faut d’abord qu’on mette en place tous les instruments nécessaires en vue d’arriver à des élections propres, incontestables où il n’y aura pas d’exclusion, où tous les Guinéens qui répondent aux critères de présidentiable puissent se porter librement candidat. Donc nous n’avons rien à voir avec ces commentaires de certaines presses françaises qui sont à la solde des politiques français bien connus par nous tous.

Guinéenews© : Depuis quelque temps on parle au sein du CNDD et du gouvernement de l’aile dure représentée par vous et le colonel Moussa Kéîta et de l’aile modérée incarnée par le général Sékouba, le commandant Faro, le colonel Mathurin… que répondez-vous à ces accusations qui vous taxent d’élément extrémiste dans le groupe ?

Chérif Idrissa :
je vous affirme qu’au sein de l’équipe gouvernementale il y a une parfaite symphonie entre ses membres. Au sein du gouvernement, la ligne est observée par chacun d’entre nous et il n’y a jamais eu de discordance notoire entre nous. S’il y a division, je me dis bien que c’est l’esprit même de ceux-là qui veulent qu’il y ait une cacophonie ou scission. Il est certes évident que parfois il arrive que nous ne partagions pas les mêmes idées. C’est aussi les exigences de la démocratie. Il y a très souvent des débats internes contradictoires au cours desquels chacun défend son avis, sa position. Ce qui est quand même normal. Parce que nous ne sommes pas venus pour seulement applaudir tout ce qu’on nous soumet. Il faut que les décisions passent par des analyses et critiques approfondies avant de les approuver. Dire qu’il existe une aile dure et une autre modérée, je dis que cela tient de la pure fantaisie de certains gens pour nous mettre dos à dos. Moi, je dis tous simplement qu’il y a parmi nous des personnes de principe qui sont acquises à certaines causes comme tous les membres du gouvernement. Nous voyons tous dans la même direction et chacun fait son travail. Nous sommes tous réunis derrière le général Sékouba Konaté et le Premier ministre Komara qui est chef du gouvernement en qui nous avons tous confiance. Ce qu’il faut retenir c’est que chacun de nous travaille pour l’armée, le CNDD qui est l’instance suprême dirigeante du pays dans l’accomplissement de ses objectifs pour le bien être des citoyens. Il n’y a pas de problème entre membres du gouvernement ou du CNDD. Ceux qui sont membres du CNDD, beaucoup parmi eux sont membres du gouvernement. Le général Konaté pour le moment est notre chef et tout le monde reste obéissant à ses instructions.

Guinéenews© : Mais monsieur le ministre d’aucuns affirment que depuis qu’El tigre a pris les rênes du pouvoir, vous apparaissez de plus en plus isolé, sinon complètement marginalisé ?

Chérif Idrissa :
Je vous fais une confidence qu’à mon retour j’ai eu plus d’une heure de tête à tête avec le général Sékouba Konaté dans les secrets des quatre murs de son bureau. Il m’a encouragé pour tout ce que je fais et par la même occasion m’a renouvelé sa confiance. Chose qui m’a particulièrement réconfortée davantage. Il s’est dit fier de mon travail. Il sait que je suis véritablement un bon patriote. Je vous avoue que je n’ai jamais été tenu à l’écart de quoique ce soit. Je pense que de par l’importance de ma fonction que j’assume, je suis l’un des maillons essentiels de cette équipe gouvernementale en dépit que je sois le benjamin. C'est-à-dire celui qui est le dernier à faire son entrée dans le gouvernement. J’ai toujours eu le soutien de tout le gouvernement et il n’y a jamais eu de quiproquo entre nous. Je n’ai pour le moment ni été suspendu, ni blâmé encore moins isolé ou marginalisé. Cela n’existe que l’imaginaire de ceux qui le disent.

Quand à moi je me sens très à l’aise. J’étais à Ouaga où j’ai pris part aux travaux du groupe international de contact sur la Guinée. De Ouaga, j’ai été à Abidjan où j’ai rencontré la presse de ce pays pour parler de la situation qui prévaut en Guinée. J’ai mis à profit ce séjour pour rendre visite à ma mère et faire aussi mon bilan médical surtout au niveau de mes yeux. Je suis allé répondre à un rappel du mon médecin ophtalmologue avant de regagner Conakry. A mon retour, je me suis entretenu avec le général Sékouba. Moi je suis un instrument qui est au service de la Présidence et du ministère de la Défense nationale. Donc ce qui sous entend que tout ce que je dois faire trouve d’abord l’autorisation du ministre de la Défense et du président. Il est avec le chef de l’État, le capitaine Dadis mes chefs directs. Je relève directement d’eux. J’ai l’appui et la confiance du ministre de la Défense.

Guinéenews© : Comment régissez-vous aux propos du ministre français des Affaires Étrangères qui disait que le retour du capitaine Dadis en Guinée pourrait déclencher une guerre civile ?

Chérif Idrissa :
Je trouve que ces propos du ministre Kouchner sont une nouvelle provocation à l’endroit de la Guinée et des Guinéens. Je pense aujourd’hui, pour l’intérêt de la France et de la Guinée, qu’il n’a pas besoin de tenir de tels propos bellicistes. En tant que maillon, la vitrine de la politique étrangère française à travers le monde, il doit se faire violence en domptant au mieux ses passions pour promouvoir davantage l’intérêt de ce grand pays aux valeurs démocratiques mondialement reconnues. Il faut qu’il sache que ni son pays, la France ni la Guinée n’a besoin d’une haine dans leur rapport qui, je crois, doit rester apaisé et fructueux. Qu’il sache qu’en agitant le spectre d’une guerre civile en Guinée, il tue les opportunités d’investissements dans une sous région fragilisée par des guerres et par les conséquences de la récession économique mondiale. Nous estimons pour notre part que notre relation avec la France doit être franche, amicale, fraternelle, équitable, harmonieuse et cordiale. Il faut que la France accepte de nous accompagner dans ce processus de la transition pour aller vers un régime démocratique normal. Donc j’en appelle au bon sens de monsieur Kouchner pour un meilleur avenir de la coopération franco-guinéenne. Aujourd’hui loin de la guerre civile dont il fait allusion, le souci et la préoccupation des Guinéens, c’est d’aller à la paix, à un gouvernement d’union nationale où chacun pourrait apporter sa pierre à l’édification de l’édifice national Guinée.

Guinéenews© : Dans les conclusions du rapport de la commission onusienne sur les massacres du 28 septembre, la responsabilité pénale et individuelle de certains membres du CNDD dont le capitaine Dadis est engagée. Quelle lecture faites-vous déjà de ces conclusions des enquêteurs de l’ONU ?

Chérif Idrissa :
Cette commission est venue en Guinée sur la demande du gouvernement, du CNDD et de son président. Parce que le chef de l’État tient à faire la lumière sur les événements du 28 septembre. Voilà pourquoi, il a mis sur pied deux commissions d’enquêtes indépendantes. L’une nationale et l’autre internationale placée sous la tutelle, l’égide des Nations Unies. Je pense que ces conclusions sont émaillées de vice de forme. Parce qu’aucune enquête sérieuse ne peut se dérouler en l’espace de deux semaines seulement. Elles comportent des failles. Quand vous entendez que les conclusions de ce rapport ont été faites à la suite des témoignages de 700 personnes et par rapport à la durée de deux semaines, vous vous dites que cela est impossible. C’est d’ailleurs scandaleux cela. C’est plutôt les résultats d’un travail bâclé à tout bout de champ. En réalité, ces enquêteurs n’ont fait qu’un travail de compilation des rapports des ONG déjà existants et en ont fait leur document de 700 pages. C’est vraiment absurde, honteux de la part des travailleurs d’une grande institution internationale comme l’ONU. Les résultats qu’ils ont publiés reflètent intégralement la volonté de certaines personnes qui avaient déjà affirmé bien avant le début des enquêtes qu’il y a des preuves accablantes sur l’implication directe supposée du président Dadis Camara. Ce qui nous fait dire que ce sont des résultats manipulés. Ils ont subit une pression énorme dans leur travail de la part de ces personnes pour aboutir à tout prix à ce résultat qui est là. La communauté internationale n’est pas bête, la population guinéenne aussi. Une enquête sérieuse prend tout son temps pour vérifier et recouper toutes les informations qu’elle reçoit. Ce n’est pas à la va-vite comme ça qu’on peut aboutir à un résultat fiable et indiscutable. Ils n’ont même pas entendu les opposants qui ont organisé ces manifestations. Nous réclamons haut et fort une enquête sérieuse. C’est pourquoi nous attendons les conclusions de la commission d’enquête nationale. Celle-ci est en train d’abattre sans tintamarre, ni pression et de façon sereine un travail de fond que nous attendons.

Guinéenews© : Comment entrevoyez-vous aujourd’hui le processus de dialogue inter guinéens dont l’avenir semble être hypothéqué?

Chérif Idrissa :
Il faut que nous acceptions de nous asseoir pour dialoguer autour d’une même table pour exprimer de façon intelligible ce que nous ressentons vivement du fond de notre cœur. Seule la voie de la discussion, de la concertation, du dialogue peut nous aider à sortir notre pays de cette situation difficile qu’elle traverse. La Guinée n’ira nulle part sans la volonté et l’engagement de l’ensemble de ses filles et fils. On ne peut plus gérer ce pays comme le gérait dans les années d’après indépendance. Il faut qu’on ait le courage de nous parler, nous dire la vérité et se pardonner par la suite. C’est le plus important. Cela ne peut être possible que si nous consentons, chacun à son niveau, à faire un sacrifice dans lequel seule la Guinée sortira gagnante. C’est pourquoi pour nous la seule voie pour sortir de cette impasse, ce sont les négociations inter guinéennes déjà commencées à Ouaga sous l’égide du président Blaise. Oublions nos différences. Puis que quoiqu’on dise, la Guinée est et demeure une famille. C’est le plus important.

Interview réalisée par Amara Moro Camara, pour Guinéenews©

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