Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Violences politiques -GUINEE-

14 décembre 2009 1 14 /12 /décembre /2009 09:45

FARO--JPG
A la veille de son départ pour Ouagadougou, le commandant Kéléti Faro, membre du CNDD et ministre sécrétaire général à la présidence s’est livré à Guinéenews© pour « mettre les points sur les i » quant à certaines informations qui circulent sur la situation actuelle en Guinée.

Guinéenews© : Avant de commencer cet entretien, veuillez vous présenter à nos lecteurs ?

Commandant Kèlèti Faro
: Je m’appelle Kèlèti Faro, commandant des Armées né à Kouroussa dans les années ‘’60’’. J’ai débuté mon école primaire à Kouroussa et le secondaire à N’zérékoré. J’y ai fait mon collège et le lycée. C’est de là j’ai obtenu le BAC scientifique et par la suite j’ai été orienté à la faculté de l’électrotechnique de l’université Gamal Abdel Nasser où j’ai fait option Télécommunications. Donc je suis ingénieur des télécommunications de l’université guinéenne. J’ai rejoint les rangs des forces armées en 1990 comme plusieurs camarades d’ailleurs y compris le président Dadis lui-même.

En 1991, j’ai été affecté au Bataillon du Général de Conakry, communément appelé camp Samory Touré dans le bataillon des transmissions des forces armées. En 1992, j’ai été désigné pour une mission au sein de l’ECOMOG au Libéria. J’y ai fait un an. En 1993, j’ai été appelé pour un stage de formation au Maroc, à l’école de transmission des forces royales. A la suite de ce stage, j’ai obtenu un brevet supérieur de technicien. En 1996, j’ai fait le concours pour faire l’école militaire inter armée EMIA qui a duré 3 ans. J’y suis sorti sous-lieutenant. La même année, j’ai été affecté à l’UMANSIL au sein du bataillon guinéen qui devait prendre part au désarmement des forces rebelles de la Sierra Léone. Là aussi j’ai fait 18 mois.

Au retour de cette mission, je fus affecté à l’EMIA en qualité d’instructeur. Ensuite j’ai fréquenté en 2004 l’école royale d’infanterie du Maroc(Benguerir). L’année dernière, c'est-à-dire 2008, je suis arrivé de la France où j’ai fait l’école des cours de capitaine et d’état major. Je fus nommé commandant des transmissions de l’armée de terre où je suis resté jusqu’au 23 décembre 2008. Et le 27 décembre 2008, j’ai été nommé ministre Secrétaire général à la présidence de la République que j’occupe jusqu’aujourd’hui. Voilà brièvement retracé mon parcours.

Guinéenews© : le 3 décembre, le capitaine Dadis a été victime d’un attentat au camp Koundara. Vous qui êtes un des plus proches collaborateurs de l’homme, pouvez-vous nous dire ce qui a pu bien se passer ce jour au camp Koundara ?

Commandant Kèlèti Faro
: jusqu’aujourd’hui, je n’ai voulu demander ce qui s’est passé réellement. Mais selon ce que j’ai appris ce jour par des sources proches du Président, c’est que Toumba serait venu à l’état major de la gendarmerie soit disant qu’il était venu libérer certains de ses amis qui étaient détenus pour des fautes que le chef d’état major de la gendarmerie reprochaient à ses hommes. Il est venu là, il a forcé et finalement il s’est retranché au camp Koundara. Le président informé de cette situation, est venu le rencontrer là. Il n’a même pas hésité de s’attaquer au président en tirant à bout portant sur lui. Fort heureusement, il n’a été atteint que légèrement sur la tête qui a laissé quelques blessures.

Guinéenews© : Aujourd’hui suivant les renseignements que vous disposez qu’est-ce qui expliquerait cet agissement du lieutenant Toumba qui est d’ailleurs son aide de camp ?

Commandant Kèlèti Faro
: je ne puis, pour le moment, rien vous dire. Je pense que l’opinion publique nationale et internationale sera amplement édifiée sur cette situation lorsque la commission d’enquête aura rendu ses conclusions à propos. Puisque le principal cerveau est pour le moment en fuite. Cependant certains de ses camarades ont pu être arrêtés. Je crois que ce qu’il fait n’était pas en soit un fait isolé. Sous peu de temps vous serez élucidé sur ses agissements. Voilà tout ce que je peux vous dire par rapport à cette question.

Guinéenews© : Il existe de sérieuses contradictions à ce jour quant au nombre exact de victimes qui a eu lieu lors de cet accrochage entre les gardes du corps restés fidèles au Président Dadis et leurs camarades insurgés favorables à Toumba. On parle tantôt de cinquantaine de morts tantôt des dizaines de morts et autant de blessés. Concrètement quel bilan de morts et de blessés pouvez-vous nous dresser de part et d’autre?

Commandant Kèlèti Faro
: vous savez chez nous les gens ont désormais pris cette habitude très regrettable de surévaluer les choses. Il suffit qu’il ait un petit problème que les gens l’amplifie aussitôt plus qu’il ne l’est. Nous sommes tous présents ici depuis le jour de ces événements malheureux. Je m’inscris complètement en faux quand on affirme qu’il y a eu 50 morts au cours de cet incident. C’est une allégation tout à fait fausse. C’est bien vrai qu’il y a eu des morts, à ma connaissance deux : le capitaine Makambo et Sankara. Il y a eu, certes, des blessés, à part le président. Mais je n’ai pas encore découvert très personnellement un autre blessé. Certainement il peut y en avoir. Mais le chiffre de cinquantaine est faux.

Guinéenews© : Dans la nuit du 4 décembre, vous avez été l’un des coordinateurs des actions militaires avec les différents chefs d’état major. De ce fait, dites-nous dans quelle circonstance, le commandant Tiégboro a été blessé et son chauffeur tué ?

Commandant Kèlèti Faro
: savez-vous nous, nous étions au camp Samory. Le commandant était en banlieue entre l’aviation militaire et le camp Alpha Yaya. Il y était en train d’organiser les hommes dans les deux unités. Il était en communication téléphonie avec moi bien sûr. Il m’a dit : ‘’ Mon commandant je vais à Alpha Yaya voir exactement ce qui se passe là et si possible je vais organiser les unités qui sont là.’’ C’est ainsi qu’il s’est rendu au camp Alpha Yaya et de là il est parti au bataillon de l’artillerie.

Pendant qu’il était en train d’organiser les hommes, je crois qu’il y a eu un sergent chef comme il m’a expliqué qui lui a dit : ‘’ vous vous êtes des proches de Dadis. Vous allez voir ! On n’est pas avec vous, on est avec Toumba. Vous allez voir tout de suite!’’ Ayant compris et pris cette menace au sérieux, il a décidé de se retirer. Et immédiatement ce militaire a balancé une grenade dans son véhicule. Son aide camp a été broyé et lui, il a été touché à la nuque. Voilà ce qu’il m’a confié à l’aéroport quant il s’embarquait dans l’avion.

Guinéenews© : Quel est l’état d’arrestation parmi les assaillants-leur nombre, leurs identités et les complices- tombés dans vos filets ?

Commandant Kèlèti Faro
: pour le moment je ne peux pas vous donner le nombre exact. Parce que tous les jours on procède à de nouvelles arrestations. J’attends qu’on me rende compte en tant que l’instance politique. Pendant ce temps, les militaires sont en train de réunir toutes les preuves à conviction pour permettre de comprendre ce qui a pu bien se passer le 3 décembre au camp koundara.

Guinéenews© : Par rapport à ces arrestations, de plus en plus d’informations font état que le commandant du camp Kounadara, le sergent chef Mohamed Camara alias ‘’Beugré’’ serait torturé à mort. Qu’en est-il exactement ?

Commandant Kèlèti Faro
: très franchement je ne dispose pas d’informations particulières par rapport à ce cas. Je vous le répète une fois encore que je n’ai pas reçu le rapport militaire sur l’incident du 3 décembre d’abord.

Guinéenews© : Et quant à l’information selon laquelle le lieutenant Toumba dans sa fuite aurait entraîné l’évasion de certains militaires faits prisonniers à Kassa y compris le capitaine Sâa Alphonse Touré ?

Commandant Kèlèti Faro
: Cette information je l’ai apprise comme tout le monde. J’ai demandé à l’état major, on m’a dit que ce n’était pas vrai. Tout ce qu’on ma dit, c’est que c’est seulement six personnes qui ont été libérées le matin du jeudi 3 décembre. Et les autres ont été récupérés par l’état major. Ils sont sous contrôle.

Guinéenews© : Et le cas du capitaine Sâa Alphonse ?

Comandant Faro
: Ils ne m’ont pas dit le nom de ceux qui ont été rattrapés.

Guinéenews© : Qu’en dites-vous par rapport à l’information selon laquelle l’armée dans ses barrages de contrôle se livrerait à une sorte de maltraitance, d’injures et de menaces sur certaines personnes qui appartiendraient à telle ou telle ethnie?

Commandant Kèlèti Faro
: C’est vraiment scandaleux cette information. Dans ce pays quelle ethnie peut faire la guerre à une autre pour telle ou telle raison. Ceux qui véhiculent ces informations sont des gens qui veulent à tout prix voir la Guinée sombrer dans la guerre interethnique.

Nous avons des militaires responsables et suffisamment murs pour laisser libre cours à une telle pratique honteuse et ignominieuse dans notre pays. Je dirais que c’est de la pure machination contre l’armée. Car on n’est pas à la recherche d’une ethnie. On est plutôt à la recherche de criminels qui ont attenté à la vie du chef de l’Etat. C’est tout et pas plus. C’est cela le rôle dévolu à l’armée. Nous avons demandé à l’armé de vérifier l’identité de tout passager. Parce qu’il y a des criminels de Toumba et acolytes qui essaient de prendre la fuite en déjouant la vigilance des soldats. Cela n’a rien à voir avec l’ethnie de quelqu’un.

Guinéenews© : Le principal cerveau de l’attentat en l’occurrence le lieutenant Toumba est introuvable depuis le 3 décembre. A-t-il trouvé la mort sur place comme le soutiennent certaines personnes, a-t-t-il pu s’échapper et serait-il aujourd’hui localisé par l’armée?

Commandant Kèlèti Faro
: Quand on dit qu’il a été tué et qu’on persiste à faire croire au gens que cela est forcement vrai, je trouve tout ceci absurde et scandaleux de la part de ces personnes. Je ne sais pas ce qu’ils ont envie de démontrer par là. En pareille circonstance, on n’a point besoin d’entretenir le mythe ou le tabou. Actuellement le monde est devenu si petit que s’il était tué, même si je refusais de vous l’avouer, vous l’auriez pu vous-même le vérifier vous-même. Alors pourquoi se le cacher ? Je n’y vois l’intérêt. Tout le monde sait que l’armée guinéenne toute entière reste mobilisée pour le rechercher. En tout c’est la seule évidence que moi je sais. S’il a été tué, on ne me l’a pas encore signifié.

Guinéenews© : Dans une dépêche de l’AFP, l’un des proches de Toumba affirmait que l’homme serait en lieu sûr et serait en même contact avec certains membres du CNDD. Comment percevez-vous une telle déclaration?

Commandant Kèlèti Faro
: il peut le dire. C’est normal pour lui. Il est libre de dire ce qu’il pense actuellement. S’il est en lieu sûr, ça n’engage que lui. Je ne pas me permettre de le denier cette affirmation. Dans tous les cas s’il est en lieu sûr, je moi aussi sûr et certain d’une chose, on ne tardera plus à le dénicher de son refuge et mis à la disposition des autorités compétentes.

Guinéenews© : officiellement depuis le départ du capitaine Dadis, la gestion du pays est assurée par le CNDD et le gouvernement. Mais qui est réalité le principal coordinateur. Vous, le général Sékouba, le capitaine Claude Pivi ou quelqu’un d’autre ?

Commandant Kèlèti Faro
: (Rires). Le Président de la République, le capitaine Moussa Dadis Camara est, vous savez, issu du CNDD. Si vous avez bonne souvenance, la structure du CNDD comporte au sommet un poste de président qui est secondé par deux vices présidents. Il y a un vice président qui est le général Toto, actuellement malade. Le second vice président qui est le général Sékouba Konaté, ministre à la présidence chargé de la Défense nationale est présentement ici à Conakry. Donc en toute logique la gestion des affaires lui revient de facto en lorsque les deux premiers sont empêchés. Il assume donc les fonctions de président par intérim. Cela doit est d’autant clair qu’il doit se passer de commentaire. Il n’y a aucun quiproquo pour cela. Ce n’est ni ma personne ni pivi encore un autre. C’est au général Sékouba d’assumer les fonctions de président jusqu’au retour du chef de l’Etat, le capitaine Moussa Dadis Camara.

Guinéenews© : Ce qui revient à dire que ce choix, cette confiance hiérarchique placée en la personne du ministre de la Défense ne se heurte pas à la réticence du ministre pivi chargé de la Sécurité présidentielle comme nous laissent entendre certaines informations ?

Commandant Kèlèti Faro
: Aucunement pas. Pour preuve actuellement, les deux personnes sont en train de sillonner les différentes unités et garnisons militaires de la capitale. Le ministre Pivi, lui il est chargé de la sécurité présidentielle et le général Sékouba est ministre de la Défense et sa qualité de deuxième vice président du CNDD assure les fonctions du président par intérim de chef de l’Etat. Mais ensemble, main dans la main les deux personnes sillonnent les camps pour rassurer les populations et appeler les militaires à la discipline militaire et au respect de la hiérarchie, chose qui doit se passer dans le resserrement des rangs derrière notre commandant en chef, le capitaine Moussa Dadis. Quant à pivi, il ne s’est jamais opposé à quoique ce soit au sein de l’armée.

Guinéenews© : Dites-nous comment se porte le capitaine Dadis et son ministre chargé de la Lutte Antidrogue, le commandant Tiégboro, plus d’une semaine après leur évacuation sur le Maroc ?

Commandant Kèlèti Faro
: Hier (jeudi, 10 décembre ndrl) j’ai reçu un message radio de Rabat nous rassurant que le Capitaine Dadis commence à se porter très bien. Tiégboro aussi. Sous peu de temps ils vont revenir. Je crois que tout va bien à leur niveau.

Guinéenews© : Avez-vous pu converser avec lui ?

Commandant Kèlèti Faro
: je ne l’ai pas tenté pour le moment. Parce que je me dis que quand quelqu’un souffre comme cela, ce n’est pas du tout judicieux de le déranger par des appels intempestifs. Moi qui suis en bonne santé par exemple je sens que les appels téléphoniques me créent énormément d’ennuis très souvent a fortiori un pour quelqu’un qui est convalescent et qui a besoin suffisamment de repos.

Guinéenews© : puisque les nouvelles sont apparemment bonnes, à quand peut s’attendre à leur retour à Conakry?

Commandant Kèlèti Faro
: N’étant pas son médecin soignant, je ne pourrais vous fixer une date précise pour son retour. Il revient seulement et uniquement à ce dernier de nous dire quand est ce qu’ils pourront retourner.

Guinéenews© : votre dernier mot ?

Commandant Kèlèti Faro
: Une fois, je demande très humblement au peuple de Guinée d’être soudé plus que par le passé, de croire au CNDD, à son chef et président de la République. Nous, nous sommes déterminés si le temps nous permettait d’organiser la vie politique, organiser les élections libres et transparentes pour que chaque guinéen se retrouve dans la vie politique, dans la vie administrative et économique. Je peux vous affirmer que nous n’avons pas de problèmes au sein de l’armée. Contrairement à ce que les gens pensent. Je demande au peuple de Guinée de rester uni derrière son armée. Je crois que c’est la seule opportunité pour que les choses reviennent normales dans notre pays.

Propos recueillis par Camara Moro Amara depuis Conakry pour Guinéenews©

Partager cet article
Repost0

commentaires