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Violences politiques -GUINEE-

17 novembre 2009 2 17 /11 /novembre /2009 16:28


Question 1 :
Quel bilan faites vous de la médiation du Président Blaise Compaoré, depuis sa nomination en tant que médiateur de la crise guinéenne ?


Réponse :
Je crois qu’il est un peu tôt pour faire un bilan de cette médiation. Il faut reconnaître que les choses ne peuvent pas aller aussi vite que le souhaitent nos compatriotes qui souffrent quotidiennement de cette crise sans fin. Mais il est clair que le Médiateur a pris sa tâche à cœur. Il n’a pas perdu de temps depuis sa nomination par le Président en exercice de la CEDEAO, le Président Umarou Yar’Adua.

Il a effectué une visite de travail à Conakry le 5 octobre 2009. A ce jour, il a déjà reçu les deux protagonistes de la crise, le Forum des Forces Vives et le CNDD. Je dois préciser qu’à Ouagadougou, la délégation des Forces Vives a été très bien reçue et très bien traitée. Le Médiateur n’a ménagé ni son temps, ni aucun sacrifice, pour nous faciliter la tâche. A cet égard, il faut dire que le Burkina Faso n’est pas seulement « Le pays des hommes intègres », mais aussi le pays qui a une haute idée de l’hospitalité africaine. De plus et c’est le plus important, à aucun moment, nous n’avons décelé chez lui une attitude partisane ou de parti-pris, qui mettrait en cause son impartialité.


Question 2 :
Y-a-t’il eu des acquis au cours de cette première rencontre à Ouagadougou?


Réponse :
Le premier acquis est que le dossier de la crise guinéenne est désormais bien ouvert chez le Médiateur, conformément aux recommandations du Groupe International de Contact sur la Guinée, contenues dans le communiqué d’Abuja du 12 octobre 2009. C’est le seul cadre de travail que reconnaît la communauté internationale pour résoudre la crise guinéenne. Et c’est très important à préciser pour dissiper définitivement la confusion que d’aucuns ont voulu installer pour sauver le CNDD, en suscitant un cadre concurrent de discussions ailleurs, faisant fi des dispositions prises par l’Union Africaine et la CEDEAO. Le deuxième acquis non moins important est que le Médiateur a confirmé n’avoir en face de lui que deux interlocuteurs : les Forces Vives et le CNDD. Les divers alliés de ce dernier qui se sont rendus à Ouaga en même temps que notre délégation,  en se prétendant « neutres » ou de « bonne volonté », n’ont pas été reçus en tant que tels par le Médiateur. Cette disposition est très importante, si on veut éviter d’enliser les travaux dans la confusion qu’affectionnent certains acteurs politiques guinéens, sous-marins du CNDD.


Question 3 :
Peut-on connaître quelques propositions faites par les Forces Vives ?


Réponse :
Toutes nos propositions de sortie de crise sont contenues dans le document consensuel des Forces Vives remis au Médiateur. Celui-ci nous a expressément demandé, de veiller à ce que ce texte qui a un caractère hautement confidentiel, ne soit divulgué, en aucun cas. Comme vous le voyez, nous sommes dans une bataille diplomatique majeure pour la cause de notre peuple. Nous ne devons donc rien faire qui dérange ou complique la tâche du Facilitateur. La seule chose que je puis vous dire, est que toutes nos propositions sont conformes aux résolutions adoptées par le Groupe International de Contact à Abuja le 12 octobre 2009.

Ce document très important qui reprend le mémorandum des Forces Vives, est aujourd’hui le cadre juridique de référence pour tous les acteurs de la crise guinéenne. Ce sont les recommandations qui ont servi de base à toutes les décisions prises depuis le 12 octobre 2009 par toute la communauté internationale contre la junte guinéenne : institution par l’ONU d’une Commission Internationale d’Enquête sur les événements du 28 septembre 2009 à Conakry, imposition par la CEDEAO d’un embargo sur les armes à destination de la Guinée, impositions par l’Union Africaine et l’Union Européenne de sanctions individuelles ciblées contre les membres de la junte et les civils qui contribuent à la soutenir, etc. L’application du reste des recommandations n’est qu’une question de temps.


Question 4 :
La junte est depuis lundi 9 novembre 2009 à Ouagadougou, où elle aurait proposé un gouvernement d’union nationale pour sortir la Guinée de la crise. Qu’en pensez-vous ?

Réponse :
Effectivement, les membres la junte et leurs supporters se sont envolés pour Ouagadougou lundi soir par avion spécial, sanctions ciblées obligent. Nous avons entendu dire que la délégation aurait proposé comme solution de sortie de la crise actuelle, « un gouvernement d’ouverture », ce qui est très différent d’un gouvernement d’union nationale ! Cette proposition aurait été vue comme une belle plaisanterie, s’il ne s’agissait pas de l’avenir d’un peuple qui souffre et qui lutte depuis plus de cinquante ans pour sa liberté et son bonheur. Ceux qui l’ont avancée savent parfaitement qu’elle n’intéresse en aucune façon les Forces Vives. Ils ont suffisamment d’opportunistes sous la main, candidats à leur gouvernement, pour ne pas aller jusqu’à Ouagadougou, pour l’annoncer. Cette attitude de défiance à l’égard du peuple de Guinée et de toute la communauté internationale, montre encore une fois, les véritables intentions du CNDD, lorsqu’on voit tout le battage médiatique qui est orchestrée pour réclamer à cors et à cris, « le dialogue ». Les résolutions d’Abuja ont clairement posé le principe du départ du CNDD du pouvoir et son remplacement par un nouvel organe consensuel de transition. Il n’y a pas d’autre solution pour sortir du blocage politique actuel.


Question 5 :
Lors des pourparlers à Ouaga, les Forces Vives ont fait étalage de leurs dissensions. Que s’est-il passé ?


Réponse :
D’aucuns ont tout fait pour montrer que les Forces Vives sont désunies, qu’il y a eu de l’exclusion, etc. Je puis vous garantir que les Forces Vives sont unies dans leurs propositions de sortie de la crise actuelle. Pour preuve, en 24 heures, nous avons préparé et adopté le document consensuel de nos propositions au Médiateur. Ceci dit, il y a effectivement eu des problèmes d’organisation et de communication. Lorsque vous vous retrouvez avec autant, sinon plus de gens qui se sont rendus de leur propre initiative à Ouaga que de gens mentionnés dans la délégation officielle, vous comprendrez qu’il n’est pas possible d’imposer cette pagaille au Médiateur. Il a bien fallu choisir. Ceux qui composent le comité restreint chargé de mener les discussions ne sont ni plus compétents, ni plus engagés, ni plus représentatifs, que ceux qui n’y sont pas allés. Mais d’un autre côté, il était indispensable d’assurer la crédibilité de la délégation. S’il y a eu des heurts entre des individus, cela ne concerne nullement les Forces Vives. Mais avec le temps, il faudra bien, tout en recherchant le consensus le plus large possible, sortir des Forces Vives les organisations qui ont l’autre pied au Camp Alpha Yaya ou qui travaillent de façon à peine dissimulée pour disloquer les Forces Vives et faire capoter le travail du Médiateur.   


Question 6 :
Les Forces Vives ont-elles une armée pour faire partir Dadis ?


Réponse :
Comme nous l’avons toujours dit et répété, les Forces Vives sont des partis et des organisations qui luttent avec des moyens pacifiques pour faire aboutir leurs légitimes revendications. Plusieurs fois dans le passé, le CNDD a tenté de faire accréditer l’idée que le pays était attaqué par des rebelles appartenant aux  Forces Vives. On a même dit que les Forces Vives avaient mobilisé des gens équipés grâce aux armes qui auraient été dérobées dans les deux commissariats mis à sac le 28 septembre 2009. Nous n’avons jamais manqué de souligner le caractère ridicule de ces accusations et de dénoncer les machinations tendant à impliquer des dirigeants politiques dans des affaires de caches d’armes ou de recrutement de combattants. En Guinée, il n’ya que les forces de défense et de sécurité qui sont armées et qui s’attaquent à des civils innocents, non armés. Ce sont elles qui actuellement recrutent, entrainent et arment des milices devant être plus tard dirigées contre la population. Il n’y a donc pas deux belligérants ici, mais un seul. La seule solution à ce problème grave de sécurité est l’application immédiate du point des recommandations du Groupe International de Contact qui prévoit le déploiement en Guinée d’une force de protection composée d’observateurs civils et militaires

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