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Violences politiques -GUINEE-

4 novembre 2009 3 04 /11 /novembre /2009 19:28

 
L’intégralité de l'adresse à la Nation du Capitaine Dadis Camara
:


Guinéennes, guinéens,
Mes chers compatriotes,

En décembre 2008, j’ai trouvé un Etat en déliquescence, des institutions discréditées, des caisses vides, un Etat au bord de la faillite. La Guinée était au bord de la dérive. Ceux-là mêmes qui se vantent à l’étranger comme les champions de l’unité nationale, sont les premiers responsables de cette situation.


Aujourd’hui, je vous dis encore, il nous faut un Etat capable de défendre l’intérêt national, un Etat capable de rassembler toutes les forces de la patrie afin de rendre la justice et de commencer l’œuvre de reconstruction.

Je m’y suis employé, car bâtir sur une autre chose serait bâtir sur du sable.

Avec l’aide des Forces Nationales, j’ai éradiqué les gangs de narcotrafiquants qui régnaient en maître, asservissaient notre peuple, empoisonnaient ses enfants et salissaient son honneur.
J’ai entrepris l’assainissement des finances publiques car chaque franc économisé est une pierre apportée à la maison Guinée, notre maison commune.

J’ai rétabli l’autorité de l’Etat et sauvegardé l’intégrité du territoire national.

De même j’ai mis fin au pillage de nos richesses nationales. J’ai refusé de transiger avec les pilleurs.
J’ai forcé certains d’entre eux à restituer au peuple guinéen ce qu’ils lui avaient volé. J’ai déclenché des enquêtes, toujours en cours, sur la gestion des deniers publics pratiquée par d’autres. Leurs résultats seront publiés.

Les guinéens savent déjà qu’ils sont de nature à mettre en cause la probité de ceux qui m’attaquent le plus violemment.

J’ai engagé une lutte sans merci contre les trafiquants d’enfants. Ces esclavagistes n’ont pas leur place en Guinée et je les en chasserai.

J’ai lancé un programme d’urgence concernant l’électricité et l’eau.

Les guinéens en mesurent chaque jour les avancées. J’affirme que mon gouvernement a plus fait dans ce domaine en moins de dix mois que les autres régimes en un demi-siècle.
J’ai respecté la liberté de la presse, la liberté d’opinion, les libertés publiques et chaque citoyen et citoyenne de ce pays a le droit de s’exprimer librement.

Je suis engagé à mener une profonde réforme des forces de défense et de sécurité.
J’ai appelé enfin les guinéens à surmonter leurs divisions pour bâtir la Guinée que nous serons fiers de léguer à nos enfants.

Tous ces efforts ont été accomplis sans l’aide de la Communauté Internationale. C’est en nous-mêmes que nous avons trouvé la volonté de rendre aux guinéens leur dignité. Les faits sont là. Ils sont têtus. Personne, ne peut, ici ou ailleurs, les contester. Ces actions ont contrarié de puissants intérêts qui veulent faire main basse sur les ressources de notre pays. Leurs complices ceux qui, hier, vivaient en toute impunité de la corruption.

C’est à la lumière de ce constat que le 28 septembre 2009 une nouvelle épreuve a été imposée aux guinéens. Une coalition de circonstance d’hommes du passé, un agglomérat d’ambitions personnelles dont le seul point commun est le rejet de la rénovation, a appelé à manifester ce jour-là. Le prétexte de cette manifestation était un mauvais prétexte. L’appel a été lancé au mépris des règles de la concertation.

J’avais demandé personnellement aux organisateurs de ne pas prendre en otage une date symbolique de notre histoire. Je leur avais proposé de la reporter au lendemain et de choisir un site plus approprié à ce rassemblement. Ils ont refusé.


Nous savons désormais que l’appel à manifester n’était qu’un alibi. En réalité, les organisateurs avaient un but: s’engager dans une stratégie de la tension et de la confrontation entre guinéens. Ce sont des diviseurs. Le 28 septembre, des commissariats ont été attaqués, saccagés, pillés, incendiés.


Aussi et fort malheureusement d’innocentes personnes ont perdu leurs vies. Encore une fois je m’incline ici devant la mémoire de ces enfants de Guinée et je réitère mes condoléances aux familles éplorées et cela je le regrette très amèrement. En tant que père de famille je m’associe humblement aux douleurs de ses pères et mères de familles qui ont perdu leurs enfants et les leurs.


Des armes et des munitions ont été volées, des policiers agressés, blessés. Le complot a réussi. La tension créée a déclenché une situation devenue incontrôlable et le sang guinéen, a, hélas coulé. Ce drame est inacceptable. En ce moment précis, mes pensées vont vers les familles endeuillées, je partage leur douleur et je les assure de toute ma compassion. Ces faits ne peuvent rester impunis.


Le 7 octobre, j’ai décidé de créer une commission d’enquête réunissant toutes les composantes de la vie nationale. Gens de justice, organisations des droits de l’homme, partis politiques étaient invités à y participer. J’ai estimé en effet qu’il était naturel que ce soient des guinéens qui prennent en charge l’établissement de la vérité et le châtiment des coupables. C’est pourquoi, cette commission était investie des pouvoirs d’investigation les plus larges et que sa compétence s’étendait à tous les crimes et délits commis ce jour-là.


Personne n’étant désormais au dessus des Lois de la République, la qualité d’un suspect ne le mettait à l’abri ni d’une poursuite judiciaire, ni d’une condamnation. Les représentants de la fraction dite des Forces vives ont refusé de participer à cette commission. Je le regrette. Je constate, et avec mois les guinéens, que ces gens-là préfèrent se tourner vers l’étranger plutôt que d’accepter de prendre leurs responsabilités nationales en participant à une œuvre de justice.


En ce qui me concerne, je n’hésite pas à déclarer devant vous, mes chers compatriotes, que la Guinée est indépendante et que le peuple de Guinée est un peuple libre, maître de son destin. Personne, je le dis bien personne, ne peut s’arroger le droit de lui dicter ses décisions.


Pour ma part, je ne cèderai aucune parcelle de notre souveraineté nationale et j’affirme que personne ne pourra m’empêcher de permettre aux citoyens guinéens de savoir ce qui s’est réellement passé le 28 septembre 2009. D’autres veulent les priver de ce droit et bien je ne l’accepte pas. C’est pourquoi, je déclare solennellement que cette enquête aura lieu et qu’elle se déroulera au grand jour.

A cet effet, j’ai décidé de créer une nouvelle commission. En décidant de la création de cette commission, je n’ai nullement l’intention de contrevenir au travail de la commission internationale d’enquête que le secrétaire général des Nations Unies vient de créer sur ma demande. C’est d’ailleurs le lieu de remercier Monsieur BAN KI MOON pour sa diligence et pour tout l’intérêt qu’il porte ainsi à notre pays. Cette nouvelle commission comme la précédente est ouverte aux gens de justice et aux représentants de la société guinéenne. La présence de personnalités étrangères à la compétence reconnue garantira la transparence de ses travaux et l’objectivité de ses conclusions. Nous n’avons rien à cacher.


Ces audiences seront publiques et retransmises à la télévision nationale et sur les ondes. Elle devra se mettre au travail sans tarder et déposer ses conclusions dans les trois mois après son installation. Elle aura pour mission d’entendre publiquement tous ceux qui, de près où de loin, auront participé, à quelque titre que ce soit, aux évènements du 28 septembre 2009 et à leurs préparatifs. Ses conclusions seront transmises à la Justice qui sanctionnera les coupables quelque soit leur rang. J’attends d’elle également des propositions concrètes d’indemnisation en faveur de ceux qui ont perdu un être cher ou qui ont souffert dans leur corps. Dès à présent j’invite les Institutions Internationales, ONU, Union Africaine, CEDEAO, Organisation Internationale de la Francophonie à déléguer auprès d’elle les observateurs de leur choix. Cette commission est celle de tous les guinéens et chacun devra y apporter son concours.


Mes chers compatriotes,

vous me connaissez mieux que quiconque et encore mieux que certains donneurs internationaux de leçon. A ceux-là, je dis balayez devant votre porte car contrairement à vous et à vos trafics d’influence j’ai choisi la voie du désintéressement et de l’honneur en m’engageant dans le métier des armes. J’ai donc décidé de donner l’exemple. Je serai le premier à demander à être entendu. C’est mon devoir de chef d’Etat et d’Officier intègre, patriote et fidèle à la parole donnée au peuple guinéen de le servir.


Guinéennes, guinéens,
Jeunes de Guinée, Peuple croyant de Guinée,

Lorsque vos forces armées m’ont porté à la tête de cet Etat le 23 décembre 2008, mon seul objectif était de servir la Nation et non de m’en servir, d’œuvrer à la réconciliation et au resserrement des liens familiaux et patriotiques, et de placer ainsi notre pays sur la voie du développement. Cette noble ambition qui m’anime toujours a été mise à dure épreuve sans pour autant l’altérer. Les évènements du 28 septembre 2009 auront porté un coup dur à notre processus de transition mais sans remettre en cause ses fondements. C’est l’occasion de faire une autoévaluation collective et individuelle pour jeter les bases d’une réelle réconciliation à laquelle je convie tous les guinéens. A cet égard seul et seulement seul le dialogue direct franc et sincère constitue la voie royale pour nous sortir de cette situation.


L’apport extérieur de pays amis et gens de bonne volonté à ce dialogue guinéo guinéen est certes important mais la volonté et la détermination patriotique restent et demeurent la clé du succès auquel aspirent tous les guinéens. De cette volonté et de cette détermination à réussir la paix dans notre pays dépend l’avenir de nos enfants et de la jeunesse en général. Nous devons avoir cela constamment à l’esprit.


Guinéennes, guinéens,
cicatrisons nos plaies en nous réconciliant avec nous-mêmes et dans la paix.


La commission d’enquête ainsi mise en place doit être et sera le pacte fondateur de notre Union, de l’Union d’un peuple en paix avec lui-même. C’est de cette union retrouvée que jaillira une Guinée plus juste, forte et prospère.


Vive la République,
Vive la Guinée

 

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