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Violences politiques -GUINEE-

26 décembre 2009 6 26 /12 /décembre /2009 00:23

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Conakry n’est pas Kolwezi

Sous prétexte de protéger la population civile et de procéder à l’évacuation des ressortissants européens vivant dans la ville, le gouvernement français de l’époque fera sauter, le 19 mai 1978, 600 (six cents) paras sur Kolwezi, cité minière du Katanga (Congo-ex-Zaïre). En vérité, cette opération lancée par le président Giscard d’Estaing visait simplement à imposer le pouvoir du président Mobutu, dont les troupes ne parvenaient pas à réduire la rébellion katangaise perçue comme liée au camp communiste soviétique. C’était l’époque des clivages est/ouest.


En 2009, plus de 30 ans plus tard, des discours éculés, de cette époque, sont réactivés pour tenter de justifier le projet de lancement de troupes étrangères sur la République de Guinée, terre minière par excellence. Dans ce registre, c’est d’abord Bernard Kouchner (affaires étrangères) qui s’illustre mais qui se fait, vite, remettre à sa place de simple ministre par le président de la République de Guinée. Après le lynchage médiatique de France 24 à travers des images temporellement décalées par rapport à la mi-octobre, voire même au 28 septembre 2009, c’est le secrétaire d’Etat Joyandet qui invoque une prétendue insécurité régnant en Guinée pour disserter sur une potentielle intervention militaire aux fins d’’évacuation de ressortissants’. Malgré son appel au départ, personne n’a quitté la Guinée en raison de la fausseté de la description du contexte. Dadis a toujours dit qu’il attendait la déclaration de son homologue le président Sarkozy, celles de ses ministres ne l’interpellent pas.


Quelque temps après, M. Saïd Djinit, représentant du secrétaire général des Nations Unies en Afrique de l’Ouest, sort de la réserve que lui impose son statut de diplomate pour prétendre exiger le départ du pouvoir du président Moussa Dadis Camara et du Cndd au fallacieux motif qu’ils auraient pris l’engagement de ne pas se présenter à de futures élections présidentielles.


Nous le répétons : ni le Cndd ni son président n’ont pris un quelconque engagement dans ce sens.


C’est au lendemain de la prise de pouvoir (qui n’est pas un coup d’Etat ainsi que le précise le président Wade du Sénégal) que le président guinéen a déclaré sa non candidature à d’éventuelles élections devant se tenir en 2009. C’était une déclaration politique pour cette période, pas un engagement pour l’éternité. Il n’y a eu ni écrit ni serment. Qu’on arrête donc de nous tympaniser avec cette affaire.

A ce que l’on sait, M. Djinit n’a jamais été ministre dans son pays. Il ignore donc les réalités d’Etat. A l’Oua, son absence de succès dans le dossier malgache, celui des Grands Lacs et l’affaire du Darfour devrait le rendre plus modeste d’autant qu’une fois au service de l’Onu, il n’a rien réussi dans le dossier mauritanien. Il a fallu que Wade vienne à la rescousse. Donc, s’il s’agit de donner des leçons, M. Saïd Djinit doit repasser. S’il récidive, nous suggérons au Cndd et au gouvernement du Capitaine Dadis Camara de le récuser, de le déclarer persona non grata en Guinée et de demander au secrétaire général Ban Ki Moon de désigner un autre haut fonctionnaire pour le suivi du dossier.


A peine avait-on fini avec celui-là que M. Mohamed Ibn Chambas, président de la Commission de la Cedeao, entre dans la danse, en préconisant l’envoi de troupes étrangères d’interposition en Guinée pour assurer la protection des civils. Le même disque rayé !


Si tous les gens précités et Ibn Chambas lui-même pensent pouvoir débarquer en Guinée comme dans du beurre, ils se leurrent, car Conakry n’est pas Kolwezi. Il faut être ignorant du fait guinéen, de l’histoire moderne de ce pays pour s’imaginer que le peuple de Guinée avec, à sa tête, la vaillante armée guinéenne laissera faire. Le colonel Moussa Keïta, secrétaire général du Cndd, a été gentil dans sa mise en garde. Des termes plus fermes s’imposaient. L’armée guinéenne peut avoir ses imperfections ou insuffisances conjoncturelles comme toute organisation humaine (économique, bancaire, sociale, politique etc..) dans le monde mais la sous-estimer, sur son terrain, relèverait d’une grave méprise.


Les soldats guinéens sont les petits-fils de ces anciens combattants qui se sont illustrés sur les champs de bataille de 14-18 et de 39-45. Des milliers d’entre eux sont tombés sur le champ d’honneur ‘Morts pour la France’. Ce sont les fils des soldats du Non de 1958 qui, depuis le 1er novembre de la même année (date de la création de l’Armée guinéenne), ont catalysé la libération de l’Afrique colonisée en faisant le coup de feu en Guinée-Bissau et en Angola notamment, tout en défendant avec brio et succès le territoire national (Conakry novembre 1970 ; Guédékou septembre 2000). Ces soldats, eux-mêmes, ont contribué au retour de la paix au Liberia et en Sierra Leone en dominant physiquement divers rebelles. Face à ces hommes, nul ne débarquera en terre africaine de Guinée par désinvolture.


M. Ibn Chambas aurait dû s’informer auprès de son prédécesseur le Premier ministre Kouyaté qui, bien que de l’opposition, se démarquait, dès le mois d’octobre 2009, de cette option car il en connaît les lenteurs, la lourdeur, les coûts, les excès, les dérapages, donc le peu d’efficacité, sans compter que la décision ne relève pas du haut fonctionnaire qu’est le président de la Commission de la Cedeao, mais du sommet des chefs d’Etat, or la Guinée n’est pas en situation de guerre civile. S’il est vrai que son pays, le Ghana, fait figure de démocratie modèle en Afrique, il a fallu que l’homme qu’Ibn Chambas servait comme vice-ministre, le capitaine Jerry J. Rawlings, auteur de deux coups d’Etat contre l’ordre constitutionnel, conserve le pouvoir pendant 11 (onze) ans de... transition avant les élections de 1992 qu’il remporta. Alors, à propos des exigences de très brève transition en Guinée avec menace d’intervention militaire étrangère, Ibn Chambas est disqualifié. Avec son départ prochain de la Cedeao, dans deux mois, il serait indiqué que le Sénégal qui n’a jamais occupé la fonction, malgré son immense engagement dans l’intégration de la sous-région, s’active sérieusement à travers un (e) candidat(e) de poids.


Quant aux Ong internationales qui s’adonnent à des pseudos enquêtes clandestines, qu’elles commencent par s’agiter pour faire adhérer leurs pays au Traité de Rome qui fonde la Cour pénale internationale avant de penser pouvoir donner des leçons à des gouvernements africains. Vis-à-vis d’elles, le pouvoir guinéen gagnerait à faire preuve de plus de fermeté, lui qui a mis sur pied une Commission nationale indépendante d’enquête comportant même des étrangers comme membres et a invité à l’envoi d’une commission d’enquête internationale qu’elle a accueillie et à qui elle a apporté facilités et assuré sécurité. Malgré tout, cette dernière a pondu un rapport télécommandé, téléguidé, mensonger, rédigé par des individus plus forts que Colombo et Rik Hunter réunis car, en une dizaine de jours, ces gens dont certains n’ont jamais mis les pieds en Guinée, prétendent trouver des réponses à des questions complexes sur lesquelles s’interrogent de nombreux Guinéens.
 

Il faut savoir que, malgré tout le respect que nous marquons au ministre Mohamed Bedjaoui, président de cette commission, les dés étaient pipés d’avance au simple regard de la composition de la commission dont certain(e)s membres avaient ouvertement montré leur militantisme féministe avant tout début des travaux. D’autres aspects sont de connotation géopolitique africaine (du nord). Ce rapport rédigé de fait par une nuée de jeunes collaborateurs, dont la plupart passaient leur temps à se bronzer au bord de la piscine du Novotel, ne nous impressionne pas, car nous maîtrisons la procédure du suivi, de l’Onu à la Cpi et nous avons, nous aussi, nos arguments et nos preuves qui ne sont pas de vulgaires déclarations manipulées.


La Commission nationale indépendante où siègent d’éminentes autorités guinéennes et étrangères élaborera, à son tour, son rapport. Elle ne se précipite pas alors qu’elle réside sur place. Attendons et on verra qui dit vrai.


Avec le chef de l’Etat guinéen, le Commandant Tiegboro (dire Tiékoro) est grièvement blessé. Ce brillant officier est le pilier de la lutte contre les narco-trafiquants en Guinée. La bande de l’agresseur du Capitaine patriote Dadis Camara, lui a jeté une grenade offensive, le même jour, dans sa voiture. Son chauffeur a été tué net. Lui est hospitalisé avec Dadis au Maroc. C’est insulter le peuple de Guinée, le sérieux d’un officier supérieur que de penser l’accuser.


Du côté de la ‘communauté internationale’, aucun mot de compassion pour ses deux valeureux soldats. Au contraire, c’est le redoublement de vociférations contre le régime guinéen et son chef. En termes voilés, on en appelle à l’insurrection populaire ou à la mutinerie, à la zizanie, à une révolution de palais, un coup d’Etat, donc à l’anarchie.


Le présicide, le parricide (les soldats appellent Dadis ‘le papa’) est élevé au rang de star avec exclusivité radiophonique internationale en attendant les télés et la couverture de certains magazines.


Vis-à-vis de ce pays ami, nous demeurons constant : unité de l’armée et dans l’armée, discipline, poursuite du redressement économique, rigueur dans la gestion, sanctions des auteurs d’exactions, unité nationale, dialogue, réconciliation de tous les guinéens qui, tout compte fait, sont issus de la même mère : La Guinée qu’ils ont chantée et magnifiée dans toutes les langues du pays.


Jean-Paul DIAS Ancien vice-président de l’Assemblée nationale du Sénégal.

Source walfadjri

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